Et alors ?

Les zestes de cédrats
Eblouissaient nos regards de fin d'été.
Les oliveraies abritaient nos rêves insensés,
Lézardés.
La déraison chevauchait les flots.
Et alors ?


Vivre avec toi, je ne puis.
S'estompent ce goût de menthe poivrée,
Des figues fraîches de Vizzavona,
Le bouquet de cistes sur le tapis,
Les pastels de Calenzana,
Un coucher de soleil sur le sofa.


Je reprends mes chemins de solitude,
D'errances poétiques,
De matins sans tendresse.
Dans le lit nu, où tu n'es plus, je gamberge.
Tombent, sur notre île, des cendres rousses.
Et alors ?


Vivre avec toi, je ne puis.
S'éternisent les épines des aloès hautains,
La morte saison,
Les frissons des myrtes sauvages,
Quelques mots berlingots,
Faux.


Les parfums de la Castagniccia
Se sont évaporés sur les orangers.
Dans tes mystérieux bagages ouatés,
Tu as emporté le vin de Patrimonio,
La douceur des pins laricio.
Et alors ?


Les trains bleus quittent toujours les gares.
Un ferry, même rouillé, largue les amarres.
Un vent de liberté
Souffle sur les arbousiers,
Dans le désert des Agriates.
Alors, vivre avec toi, je ne puis.


Automnale






Ecrit par Automnale
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