La mort du moucheur (1)

Par les émois d’une onde, transporté,
Je croirai vrai ce songe ridicule.
Dans une ambiance déjà visitée
Je m’éteindrai sur ses renoncules.

Mon linceul à la surface de l'eau
Sera bercé par les grands éphémères
Qui écloront tout autour de ma chair,
Se dressants comme de mai les flambeaux.

Je louerai ces nymphes bordant le cœur
Des âmes qui souhaitent voir ces abîmes
Où de constants remous donnent au moucheur
D’éternelles causes à son art sublime.
*
Voilà, j'entame mon joyeux naufrage...
Je prierai Pan dans ce dernier voyage
En m'évadant chaque jour à la fraîche
Sur les voies incertaines de la pêche.-
*
Ne recherchez pas mon corps ; la faucheuse
L'a porté vers des gorges poissonneuses.-
J'ai lâché ma canne dans mon trépas,
Dans ma chambre d'enfant rependez-la!
*
Une branche mystique de bambou
Attend mon arrivée au paradis
Comme un sabre légendaire et béni
Dédié au plus assidu d'entre nous.



(1) = pêcheur à la mouche

Ecrit par Coroner
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