10 épigrammes

I
Nos pauvres cœurs surendettés
Se doivent l’un l’autre des fleuves
D’amour mais les heures sont brèves
Et il nous reste peu d’étés

II
Le soir est tombé blanc sur ton épaule Armande
Et je t’ai embrassée et refait du café
Je t’aime mon cœur mais parfois je me demande
Si tu viens pour me voir ou pour te réchauffer

III
Qu’ai-je fait de mon échelle
A toucher le firmament
La vie est une éponge elle
Nous boit l’âme lentement

IV
Sous le pont Mirabeau coulent des eaux malsaines
Pour l’homme ce requin qui ne sait plus nager
Et devient chaque jour à lui-même étranger
Comme la vie est lente et pourtant nous entraîne

V
J’ai vu tous les bouts du monde
Ils sont à peu près pareils
Et combien de fausses blondes
Dans le plus simple appareil

VI
Comment jamais s’appartenir
Nos cœurs sans fond puits d’existence
Ont beau clapoter de désir
Des murs les tiennent à distance

VII
Ah gratte-moi encore où nulle autre ne gratte
Mais de grâce ôte-moi ces crochets à venin
On dit que le mâle éperdu entre tes pattes
Est perdu pour toujours verrai-je le matin

VIII
Volontaire à mettre le feu
D’un bout à l’autre de la terre
Pour la liberté des affaires
S’éveille-t-on le cœur joyeux

IX
La femme est une déchirure
Au côté tendre de l’Adam
Qui saigne encor sous la dorure
De nos grands égos décadents

X
Ma muse en pêcheuse maligne
S’amuse à m’appâter d’un vers
Puis me regarde l’œil pervers
Gigoter au bout de la ligne




Ecrit par Lejassyote
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