Je vous écris de France ...

Je vous écris de France où gronde la colère,
Où monte la rumeur d'un puissant ouragan
Qui attendait, tapi au seuil du jour d'avant,
Et qui surgit soudain du gouffre de la terre.

C'est, longtemps retenu, le fracas de la houle
Qui s'ameute et se lance à l'assaut de Paris,
C'est à qui cognera et ne sera pas pris …
Est-ce le peuple-même, ou n'est-ce qu'une foule ?

Commerces dévastés et voitures brûlées
Nous saisissent d'effroi, nous frappent de stupeur,
Il traîne çà et là de sourds relents de peur,
Des pavés arrachés, de confuses fumées.

On en vient à tenir pour époque bénie
Les années d'attentats, lorsque des inconnus
S'embrassaient dans les rues, tout juste revenus
De l'attaque où la mort avait nargué la vie.

En ces instants, du moins, les larmes partagées
Vibraient au fond des cœurs en un torrent uni.
Alors nous combattions ensemble l'ennemi,
Ses funestes discours, ses abjectes idées.

C'est en ces heures-là que, se faisant otage,
Un homme libéra des mains d'un forcené
Une femme captive, et fut assassiné.
Avons-nous donc déjà oublié son courage ?

Pouvons-nous insulter, pouvons-nous rendre vaine
La geste de celui qui n'a pas chancelé ?
Je vous écris, hélas, d'un pays morcelé,
Je vous écris de France où bouillonne la haine.


Ecrit du 5 au 9 décembre 2018,
en pleine crise des "Gilets Jaunes"

Je ne pouvais pas imaginer que nous "cumulerions" tristement, l'attentat de Strasbourg commis le 11 de ce mois de décembre déjà fou nous rappelant violemment que les terroristes sont toujours prêts à se saisir de n'importe quelle occasion pour frapper.

Et je n'aurais jamais pu imaginer que des gens de chez nous s'abaisseraient à répandre de pleins tombereaux de calomnies et d'insinuations honteuses, de ces rumeurs qu'on appelle "fake news".


Ecrit par Ombrefeuille
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