Pour que je sois moi-même

Si le vrai bonheur un soir acceptait
De passer le seuil de ma porte ouverte,
Je voudrais qu’il fauche de sa clarté
L’ennui de ma vie où le vent disserte.

En l’attendant la maison serait nette,
Ses carreaux frottés, les draps parfumés,
Son sol ciré et la vaisselle faite,
Il trouverait tout en ordre parfait.

Alors doucement il se poserait,
Reconnaissant une à une les pièces
Depuis longtemps que j’aurais apprêtées
Avec force d’âme et belle hardiesse.

Mais peut-être, par trop de lassitude,
Décramponné de la folle espérance,
aurai-je laissé tant de solitude
Mettre un point final à tant de souffrance.

Courbé sur le ciel nimbant la demeure,
Assis amer sous la blancheur d’un astre,
Je le plaindrais dans son havre glacé,
Vivant à son tour l’intime désastre

De n’être là, malheureux, pour personne,
En recherche d’un introuvable amour,
Dans ce palais que l’hiver environne :
Ce toit où je l’ai attendu toujours.

Si le bonheur enfin osait venir
Me réveiller pour que je sois moi-même,
Apaisé enfin et sans souvenirs,
Cœur contre cœur, je pourrais dire : j’aime.

https://youtu.be/j2UFuKhJbDU




Ecrit par Fregat
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