Les grains du sablier

Les grains du sablier comme dans la grand' ville
Se tassent dans le fond.
Les premiers arrivés se taisent, immobiles,
Connaissant la chanson...

Comme une goutte d'eau, la coupe est esthétique.
On ne s'occupe pas
De sa sœur siamoise autrement dramatique
Avec son petit chas.

Les grains de sablier prennent toujours la même
Direction, sans bruit.
Rêvent-ils du grand Sud, de la vie de bohême
Aux merveilleuses nuits ?

Tous pareils, tous égaux, ils tombent, anonymes,
Petits moments sacrés,
Dans la coque de verre et le dernier s'estime,
Un instant, couronné.

Les grains de sablier pensent-ils à Sisyphe
Et à son lourd rocher
Ou au château doré qu'on pense, à Ténériffe,
Bâtir, un jour d'été ?

Prisonniers inconnus d'un minuscule bagne
Ils ne sortiront pas
De leur cage, privés de sentiers, de campagne,
De palmiers, d'acacias.

Les grains de sablier rêvent d'une infinie
Horizontalité,
D'un rayon de soleil rimant, allégorie,
Avec l'éternité.

Est-ce trop demandé, depuis tant de voyages
Sans prendre de repos ?
Tout s'arrête en son temps. Pourquoi cet avantage
Ailleurs qu'en cet enclos ?

Les grains de sablier regardent l'hirondelle
Et les enfants joyeux
Qui ne s'occupent pas de la pente isocèle
Où glissent les peureux.

Les premiers, les derniers, dans leur beau labyrinthe
Observent l'univers
Qui sème à tous les vents ses bizarres complaintes
À l'endroit, à l'envers.

Muse à musique, volume III
ISBN 9782919390335-DLE 2016-44263


Un vieux texte qui remonte au milieu des poussières.
Amicalement à vous, ce 20 décembre 18.
MK


Ecrit par Madykissine
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