La Ville festivalière

Plongée dans la chaleur de juillet
La ville s’habille de carton et de papier,
Marionnettes colorées par mille mains ludiques,
Appliquées à tisser ce patchwork pudique
Qu’un Mistral, d’un souffle taquin vient trousser
Sous le nez des passants, spectateurs empressés,
A la recherche d’un lieu, d’une scène,
Pour assouvir ici, son œil obscène,
Là, ouïr un texte plein d’éloquence,
Plus loin, voir une troupe vêtue d’élégance.

La nuit tombée, les artères de la cité grouillent
D’un mélange chaotique sous les gargouilles.
L’air s’emplit de sonorités discordantes,
Musiques entremêlées, déclamations ardentes,
Clowns bateleurs, hérauts chamarrés,
Foule fourmilière familière bigarrée.
Dans ces hauts lieux règnent encore
Des voix disparues, échos sur ces murs sonores.

Dans ce palais, aux lignes lourdes et massives,
Errent à jamais des légendes captives.
Personnages immenses aux ombres envoûtantes,
Egarées dans ce temps, étoiles filantes,
Comètes solaires des nuits festivalières.
La ville bruisse à ses portes hospitalières.
La cour d’honneur, lieu d’aucune misandrie,
Peut-être le creuset d’un houleux charivari,
Ou bien un cratère vomissant sans fin
Sa lave d’applaudissements, bonheur non feint.
Vilar dans cet espace escamote la tiare,
Les trompettes résonnent pour d’autres gloires.

La ville péripatéticienne du théâtre
S’offre en tous lieux pour voir et débattre.
Cette nébuleuse, ce trou noir du spectacle vivant,
Vraie tour d’ivoire pour comédien mendiant,
Fleuve de la rhétorique et du verbe,
Sur ses rives naît parfois la critique acerbe,
Puis, lorsque le rideau du rêve tombe enfin,
On regrette déjà que cela soit la fin.






Ecrit par Ruben
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