Le golem

Prague
un soir
Lune noire
Pont désert
Pluie amère
Rues et brumes
Bruit d'enclume
Chapelles vides
Les parcs se vident
Sous les portiques
Quelques phtisiques
Sifflent la mort
Qui tire au sort
Les voûtes résonnent
Comme un gong mongol
Les carillons sonnent
Des corbeaux survolent
Les beffrois sinistres
Dans un ciel de bistre
Est-ce le vent qui hurle ?
Dans le ghetto funèbre
La maudite formule
Égrène les ténèbres
A la morgue des ombres
Craignent les heures sombres
Et les gargouilles grimacent
Grincent comme une crécelle
Des grandes orgues menacent
Les ouragans s'amoncellent
Dans la grande synagogue
Le vieux Maharal harangue
Le golem de glaise agresse
Fragmente puis désagrège
Ces églises qui s'engraissent
Dans un dégoût sacrilège
Il grogne et gronde de haine
Grotesque croque-mitaine
Il ne peut que glapir
Terrassé par un manque
Il ne peut que gémir
De n'avoir pas de langue
A qui donc s'adresser
Pour glaner sa pitié
D'être si difforme
Gangue des kabbales
Monstre amoral
De burlesque forme
Quel Dieu s'est trompé
D'un mot mutilé
"J'étais sauveur
Tel Lucifer
Je fus malheur
Pour cette terre".
Simple automate
Vulgaire pâte
Et le vent
Souffla tant
Le golem
En lui-même
Fut friable
De sable
Fin.


Le golem,figure de la kabbale juive,j'ai tenté une approche double au niveau des vers de plus en plus longs et des sons de plus en plus rapprochés

Ecrit par banniange
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net