la précieuse

Ce printemps-là :
empreint de chatons et de fleurs étoilées.
Quand le rouge adoucit le blanc devenu rose
et quand tout est ainsi,
on ne voit pas encore
la bombe et le retardement des choses
qui vivent là.

L’interne déchirure rampe et se dissimule.
L’oiseau voit l’eau des flaques,
le dépôt d’huile y accentue le visage du ciel et mordoré l’irise.
C’est beau.

Tu as un visage d’ange, mon amie.
Je sais pourtant combien ton cœur est ravagé.
La moisson ne sera plus jamais prochaine,
ou il faudra attendre si longtemps, si longtemps,
Je le sais
et sache mon amie
que la plaie que tu caches
dans le noir des prunelles de tes yeux,
la plaie béante et large, ne m’est pas inconnue.
Je plonge dans le sombre,
sans peur.
Et je ramènerai pour toi seule,
l’émeraude attendue.
je n’ai pas peur,
je n’ai plus rien à perdre.
Je peux ainsi te prendre et t’emmener
où le printemps ne cache rien,
que la sève qui monte
et les racines ailées
des arbres éveillés.

Nous offrirons l’eau pure et le nid arrondi aux oiseaux.
Nous offrirons ensemble.
Les plaies parfois ne se referment pas
mais les contrées promises peuvent changer de lieux.
Rien ne se perd, pas même le nuage qui ne fait que passer
devant le désert assoiffé.
La plaie béante et large ne m’est pas inconnue.
Nous la transformerons en fleuve ensemble.
Quand la crue descendra,
la terre sera noire à nouveau,
riche et lavée
et prête à recevoir le baume.
Peut-être ce jour-là nous aurons
ramené ensemble, l'ardeur précieuse
et son collier d’écume.
ce jour et ce printemps, peut-être.




Ecrit par Prunelles
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