Hymne à la Loire

Ô fleuve sauvage
Où je vais cueillir des murmures
Fleurs diaphanes jetées dans le temps
Prières d’eau dites sans répit
Sur le rosaire éternel des galets
Tes hanches mouvantes s’adonnent
Émouvantes aux mains de la terre
Et jaillit de ces épousailles
Un frisson végétal

Ô fleuve sauvage
Dans tes yeux fuligineux d’automne
Se perdent, le visage des arbres
Ne restent que leurs sombres épaules
Ancrées dans les brumes
Les chemins des adieux
Où des oiseaux subjugués
Déroulent…déroulent
Tel un appel immense
Leur longue plainte sableuse

Ô fleuve sauvage
Dans tes lèvres luisantes
Les poissons glissent
Allumant parfois les filets
Et les enfants les frôlant
De leur peau éclatante
Dont rêve l’été

Ô fleuve sauvage
Il y a plus d’un marin saoul
Et d’un bateau assoupit
Dans ta mémoire de vase
Il y a plus d’une Salambarde
Blessée au ventre
Il y a plus d’un moulin
Ecartelé dans tes flots
Les ailes blanches et limoneuses
Il y a plus d’un chanvre échevelé
Plus d’une femme penchée sur le linge
Priant le soleil pour son homme
Priant le vent et l’eau
Priant l’orage et l’éclair

Ô fleuve sauvage
Un matin tu conquis les orages
Ils pendirent leurs cheveux humides
Dans l’atmosphère vaporeuse
Ton corps lourd sur la terre s’allongea
Tes écharpes d’eau
Entourèrent des gorges tendres
Qu’éraflèrent des cris et des râles
On vit se tendre des mains
Comme ultime preuve de vie

Ô fleuve sauvage
Un matin à patte de velours
Apparurent les limons gris
Murmurant leurs douceurs
Aux folles graminées
Puis tu ris à galets luisants
Tu ris à mille scintillements
Quand le soleil dans tes eaux
Vint tremper ses dents de lumière
Tu ris quand de leur tenue
Ils dégainèrent leur nudité éclatante











Ecrit par Hurlevent
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