Mouillage du matin

Ils quittèrent le bord de l’eau
Où rêvassait leur ancre.
Le bateau avait l’air d’un cancre
Qu’on envoie au tableau.

Ils traversèrent les halos
Saturés des nageurs
Et des chérubins tapageurs
Poussant des pédalos,

Ils passèrent les feux tremblants
Des paisibles bonaces,
Où les pêcheurs portaient des nasses
Pleines de poissons blancs,

Firent de grands signes aux mouettes
Qui filaient devant eux,
Froissant la mer comme un lit bleu,
Le ciel comme une couette,

Volèrent sur la marée haute
Qui berçait les chaluts,
Vers où l’écho ne répond plus
Aux appels de la côte,

Et plus loin et plus loin encore,
Dans l’air violet d’évêque
Dont les valses semblaient avec
Le vent avoir fait corps,

Et lorsque leur voile joyeuse
Eut touché l’horizon,
Jetèrent l’ancre avec raison
Dans la vague soyeuse.




Ecrit par Laurent7869
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