À la lumière des amours anciennes

Les laisses, ces chansons de l'ancien échanson
Du paysan le fils, qui, labourant son champ
Chantait, ou, quoi qu'il en fisse, enfantait en sons
Les rythmes de sa vie laborieuse au couchant...

Les versets, déversés en des rythmes divers
Tels que Claudel, ou Segalen, ou Saint-John Perse
Ont versifié pour nos longues soirées d'hiver
Chants portant l'Anabase en mémoire grecque ou perse...

Laisse donc le poème, allons voir si les roses
Ont fleuri pour cette aube, et si leurs robes rouges
Valent tous les trésors de nos plus belles proses,
De ces splendides vers, dans ce matin qui bouge

Vois comme la journée s'effeuille en sortilèges
Elle est la magicienne, à nos plaisirs dispose
Referme tes livres, c'est notre privilège
D'arrêter le haut soir, en appuyant sur pause...

Et, quant à ce jardin de beautés si diffuses
S'il ignore son aspect, il charme un rossignol
Qui portera, dans toute une contrée confuse
Là-bas dans les lointains, des ordres pour l'envol

Rameutant, vers ce val, la quête de Perceval
Oui, chevalier, écoute en moi l'écho profond
Que me font, en écots, du haut de leur cheval
Maints de tes confrères, jamais rentrés au fond...

Oui, Lancelot, tu as ta légende à ourdir
Des peintres viendront, tels les Préraphaélites
Eclairer ta prouesse, ou, veux-tu l'assourdir ?
Et n'être admiré que par la plus rude élite ?

Tu es mon homme lige, et je suis, lors, ta Dame
Cours chercher, par mon âme, un reflet du calice
Dont légende s'use à n'être sue que des dames
Vous, les hommes, courez, quittez nos joues si lisses !

Le lac a tout pris dans les filets qui le troublent
Il capture un soleil, ainsi que d'autrent tuent
Pour que l'astre du jour reparaisse, si double
Je souffle la magie, fidèle à mon statut

Tu diras à ton roi, Arthur, qu'il nous maudisse
L'amour, vois-tu, est plus intrigant qu'un beau jour
J'ai captivé Homère et Virgile, ils ourdissent
Laisses et versets pour notre gloire, toujours !




Ecrit par Jacou
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