Ce qu'il aurait fallu faire en buvant du vin chaud


De la vigne
on voyait le Vercors et les enfants qui se réveillent,
un nuage égaré
n'avait plus de corps.
A son corps défendant
la vigne avait passé l'automne à donner tous ses fruits jusqu'à la fin,
son livre était ouvert à la page hiver,
elle avait du mal à s'endormir.
Avec des jumelles
on observait le ciel qui se réveille,
on supportait le gel,
on sommait le soleil de visiter quelques sommets,
les ouvriers n'imaginaient pas que l'hiver serait long
(c'était bien sûr sans croire aux fruits de leur imagination).
La terre avait beaucoup de choses à nous faire pardonner,
la terre avait du pain sur la planche,
elle avait quelques petits secrets,
la terre avait perdu quelques degrés.
Camille avec son sécateur était en train de tailler,
le sol était glissant,
le sol était froid sous les pieds,
le sol était couvert de galets,
le sol était glacé,
j'avais fort à faire avec mes gants troués.
Tout en bas,
dans la vallée,
c'était le brouillard,
on avait du mal à voir le toit des maisons.
L'horizon (ce petit machin qui fait toujours de l'effet)
l’horizon qui vous supplie,
qui même attire à soi le soleil,
cet horizon n'avait pas de choses à proposer,
ma bouche avait du mal à se réchauffer,
j'avais les mains gelées.
Tout en bas
dans la vallée
des hommes et des femmes avaient du mal à se réveiller,
le vent sifflait pour passer le temps,
le vent se mêlait de nos affaires,
il était fou,
(comment dire)
il avait perdu le nord,
(le vent n'est pas ce que vous croyez)
le vent risquait sa vie pour sauver quelques rayons de soleil,
il était seul
à côté du ciel,
aussi puissant
qu'un soldat qui n'a pas envie de faire la guerre...



Un matin d'hiver, quand on part tailler la vigne sur les coteaux du St Joseph face à Tain-l'Hermitage.


Ecrit par Dynamot
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