Le dit du Juste Job

Nu je fus enfanté, nu on m'enterrera,
Car l'homme qui est né d'un souffle de lumière
S'en ira reposer au fond de la poussière,
Et sur lui l'infini du temps retombera.

L'Eternel a donné, l'Eternel a repris,
Et je me garderai du venin du murmure
Qui ferait de ma bouche une caverne impure
Et de mes pensées l'antre d'infernaux esprits.

Ainsi parlait le juste Job en son malheur,
Lui que le Ciel couvrait naguère de richesses,
Lui que la terre avait comblé de ses largesses,
Lui dont le nom brillait jadis avec splendeur.

Ses récoltes pillées, ses troupeaux massacrés,
Ses filles et ses fils tués dans la tempête,
Même la maladie, des pieds jusqu'à la tête,
Rien ne fut épargné à ses jours fatigués.

Rien ne fit vaciller la flamme de son coeur,
Ni les mots des bavards, ni l'ardeur de sa femme
A instiller le doute au tréfonds de son âme,
Et Dieu le releva du fond de sa douleur.

L'Eternel avait pris, l'Eternel a donné,
Ainsi parlait le juste Job en sa vieillesse,
Car l'homme qui gisait dans la poussière épaisse
Ira dans la lumière infinie reposer.




Ecrit par Ombrefeuille
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