Le Chef-d’œuvre

Sous un ciel étoilé, comme une fulgurance, apparut en mon esprit un sonnet si joyeux, si beau, si pur, que j’écrivais enfin mon premier chef-d’œuvre ! Enfin, trêve de prose, le voici donc !

J’allais par la rue sombre où les halos blafards
Projetaient sur les murs des morceaux de nuit noire.
Ô belle plume affable, ouvre donc le grimoire
Qui me sert de recueil ! La Lune rend bavard.

Qu’écris-tu ? Montre-moi ! Ôte donc ce buvard
Qui me cache la page ! Est-ce bien mon histoire ?
Tu voles mon ouvrage et tu t’écris « victoire » ?
Tes gestes sont les miens, ton encre n’est qu’un fard !

Pardonne-moi lecteur, voilà qui m’embarrasse…
Je suis vraiment confus, je ne vois point de trace
De cet écrit sublime auquel j’avais pensé.

Elle m’aurait tout pris ? Mes idées, envolées !
Adieu joyeux sonnet, tu étais innocent !
Lecteur m’en voudras-tu d’être ainsi offensé ?




Ecrit par Morpheus
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