Les nuits de Combourg



Du haut de ma tour isolée
J'entends frémir tout le château
La chouette aux ailes désolées
Monte la garde à mes carreaux

Le vent hulule à ma fenêtre
La lune émerge d'un ciel noir
C'est l'heure où s'animent les êtres
Marqués du sceau du désespoir

Dans l'escalier de la tourelle
Le comte claudique à grand bruit
Sa jambe de bois éternelle
Depuis trois siècles retentit

Ma mère et ma sœur se blottissent
Transies, dans leurs appartements...
Cette satanée jambe crisse
Et l'épouvante se répand

Que soudain, le chat noir surgisse
En compagnie du claudicant
Et les femmes s'évanouissent
Abandonnées à leurs tourments

Impavide, René-Auguste
Dort d'un sommeil plus que pesant
Sommeil qu'on dit celui du Juste
Quand les autres s'en vont, tremblants

Voletant d'une tour à l'autre
Les chouettes font sur mes rideaux
Naître et renaître la pénombre
Quand le vent éclate en sanglots

A Combourg, près de Brocéliande
Dans le désarroi de mes nuits
J'entendais passer sur la lande
Le galop d'enfer des Génies !




C'est à Combourg que François - René de Chateaubriand a vécu une enfance austère. La « chambre rouge », chambre à coucher de René - Auguste de Chateaubriand, père de l'écrivain, voyait revenir à certaines périodes, le fantôme d'un certain comte de Combourg à jambe de bois, mort depuis trois siècles...Un chat noir l'accompagnait...Il s'agissait du fantôme d'un chat dont on découvrit le cadavre desséché, emmuré derrière une poutre maîtresse lors d'une restauration du château...

Ecrit par Marcek
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