Poème de Lou

Il n'y a plus rien à dire.
Je n'ai plus rien à dire.
On m'a dit certaines choses.
Je ne veux plus rien dire.

Je ne laisse aucune nouvelle.
Ça ne sert à rien :
ils sauront me retrouver.
Je n'ai aucune confiance en eux.

À la cantine, je m'installe seule.
Le plateau intact, posé devant moi.
Je n'ai pas faim.
Je ne veux pas les manger.
Je les attends.
J'attends de l'aide...
je suis impatiente :
de l'aide à la table proche de la fenêtre,
de l'aide à la table 66.
Je les supplie.

Ils sont là.
Ils ne disent rien.

Des haut-le-cœur.
Je me force.
Bouffée d'air,
viandes,
verres d'eau :
tout me donne envie de vomir
mes matins,
mes mots,
mes désirs de vivre.
Ils veulent vomir pour effrayer le silence.

Ils ? Eux ? Les ? Qui ?
J'en sais rien, moi !
Enfin, si, je sais.
Mais je ne leur fait pas confiance,
donc vous n'allez pas savoir.
Ça ne sert à rien
de me le demander.
Plus à rien.

À la sortie du repas, je rigole à la folie,
je ne tiens plus debout,
mon asthme empoigne mes poumons,
quatre bras m'agrippent, je veux vomir,
je veux vomir,
je veux vomir,
je veux vomir,
je veux vomir !

Qui sont ceux qui mélangent mon désespoir à mon bonheur ?
Qu'ils se montrent !
Je veux les tuer,
je veux les tuer,
je vais les tuer !

Plus rien.
Inconscience.

Sur un lit.
Seule, dans l'infirmerie.

Je compte les secondes diluées
à mes larmes exposées sur mes joues,
à mes peines cachées dans mon sac.

Je vais sortir bientôt,
retourner en cours.

Il n'y a plus rien à dire.
Je n'ai plus rien à dire.
On m'a dit certaines choses.
Je ne veux plus rien dire.

En vous souhaitant de beaux rêves... ?

Ecrit par Cristalys
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