J'habite un pays ...

J'habite un pays
Qu'on croit de cocagne,
En des lieux bénis,
Dit-on, qu'accompagne
Un ciel de soleil
Incommensurable,
D'un bleu sans pareil,
Où, presque palpable,
La félicité
Partout surabonde,
Un endroit prisé,
Le plus beau du monde.

Février s'en va,
Sans même paraître.
Le printemps déjà
Cogne à la fenêtre,
Plein de chants d'oiseaux
Et de la caresse
De souffles nouveaux
Nés de la paresse
Des après-midis
Dont l'aile s'attarde
Aux balcons assis
Où l'air chaud musarde.

Les hivers n'ont plus
Ces matins de neige,
A peine entendus,
Où le pas s'allège.
Les automnes sont
Devenus un rêve,
Une non-saison
Sans couleur, sans sève.
Hélas ! Il est vain
De guetter encore
Au vallon prochain
Les brumes d'aurore.

Que sont devenus,
Parmi les nuées,
Les frimas perdus
Et ces giboulées
Que mars attendait ?
Ils ont vu d'avance
L'arbre qui tombait
Sous l'azur immense.
Lors ils sont partis
Où le vent s'ennuie ...
J'habite un pays
Qui mendie la pluie.




Inspiré par ce printemps très (trop) précoce, après une quasi-absence d'hiver en certaines régions (dont la mienne).

Les dérèglements climatiques deviennent notre quotidien, et on pourrait les résumer en trois six-mots lapidaires :

Neige rêvée, attendue,
N'est pas venue.

Pluie tant espérée
Se fait désirer.

Nature désolée,
Planète sinistrée,
Catastrophe annoncée.



Ecrit par Ombrefeuille
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