Indifferville


La ville s'endormait sous des cierges de lune
La pluie battait les flancs des maisons une à une
Les rues sonnaient le creux de vieux pavés grenus
Sous des hordes de pleurs, sous des pas d'inconnus

Dans de vagues halos le bois des portes craque
Un chat feule à l'amour sous un porche-cloaque
L'entraille d'un bistrot hurle en vin son vomir
La ville n'entend rien, raide et seule à tenir

Tout près
Sous le vieux pont
Un flot trouble et languide
En chuintant exhale une haleine
Fétide

Soudain
En simple plouf et trois ronds d'eau
Une vie qui se jette
Au poumon bleu
Du vide...

Les étages guindés replient leurs orifices
Sur des secrets d'alcôve offerts en sacrifices,
Les toits coiffent les peurs, les soupirs, les serments,
En coffrets de béton s'ensevelit le temps

La ville engloutissait la mémoire inutile
- Au pouls de ses parpaings toute vie est futile -
Ses artères, croisait, carrefours de dédain,
Gorgone indifférente au désespoir humain

Les journaux parleront d'un "fait divers, en ville".




Ecrit par Alby
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