Seul au château

Tombe le crépuscule
Et se serre mon cœur
Dans le long vestibule
Ou suinte la peur
La nuit me terrifie
J'allume les chandelles
J'entends couiner les rats
S'attaquant aux poubelles

Qui va, qui vient dans ce château glacial
Où naissent à la nuit
Dans le plus grand mystère
Des êtres effrayants aux pensées délétères
Qui va, qui vient dans ce château glacial ?

Je vais me réfugiant
Dans la grande cuisine
Où fument les chandelles
En un tremblotement
Les rats sont installés
Qui fouillent les poubelles
Leur présence pourtant
Me rassure un instant

J'entame le jambon
Je tranche la saucisse
Puis le quignon de pain...
Je me verse du vin
A me réconforter
Je m'emploie !
Je me glisse
Sur le banc si massif
Qui torture les reins

Un cliquetis soudain
Brise le lourd silence
C' est la peur, mes amis
Qui fait claquer mes dents
Sur le verre de vin
( D'ailleurs un vrai délice ! )

J'ai honte, et j'engloutis
Trop précipitamment
Les morceaux de jambon
Le quignon, la saucisse
Et me voici soudain
Affolé , m'étouffant !

Je tombe sur le sol
Cherchant l'air, éructant
Poussant de faibles cris
Que personne n'entend :
Je suis seul au château
Et je me vois mourant

Une sueur glacée
Coule au long de ma face
Je couine faiblement
En un timide bruit
Qui peut m'entendre ici
Pitié, je vais mourir !

Mon regard s'est voilé
Et mon souffle s'éteint
Je dois m'abandonner
A ce cruel destin
Mais qui vient ( "Au secours !")
Me souffler dans le bronches ?

Soulevant doucement
Mon corps endolori
Une invisible main
Me pose sur la table
Dégage ma trachée
De ses encombrements
Me voici ranimé
Respirant et toussant

Un souffle délicieux
Soudain ravit ma face
De mon divin sauveur
Pourtant aucune trace
A peine un bruissement
Léger à mon côté
Est-ce un déplacement
Que je crois deviner ?

La porte s'est fermée
En grinçant finement
Vers le couloir glacé...
Et me voici tremblant
Effaré, tout vibrant
D'une ardeur contenue
Et de reconnaissance
Envers ce doux sauveur
Ce généreux fantôme
Qui hante les châteaux
Pour secourir les hommes !

Moralité :
Chers humains, respectez
Ces ombres passagères
Qui hantent les châteaux
Ce ne sont pas chimères
Ni om...brrrres délé...terrres
Mais de vaillants héros !




Ecrit par Kallistea
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