La soupe

La soupe, la soupe de ces chiens aux mille regards éblouis
leur explosait en feux exquis l’iris dévoré d’un œil secret.

La soupe, candide et venimeuse, déposait ses parfums saumâtres
sur leurs idées figées dans l’oubli.

La soupe, d’un arome divin aux effluves acétone, leur barrait le chemin
aux rebelles hypothèses de liberté.

La soupe se troquait sans partage sur des marchés de dupes, signés de leur sang épais, au bas de leurs pactes insoutenables.

Des revenants blafards se léchaient aux garrots de leurs choix mortels se cherchant d’un regard éteint.

La soupe, délivrance des anges damnés porteurs d’un mal teinté de rouille, ou seul brillait la faim.

La soupe, rendez-vous des mort-nés qui cherchaient le messie dans le vitrail d’un jour nouveau.

Porteurs du désespoir aux noires colombes dans un vol assassin, en perchoirs décapités.

La soupe, breuvage des incrédules pénitents du drame labyrinthe
aux prisons mordorées.

Et comme un éternel écho revenant sans cesse au calvaire, les clous
portés au sabbat des offrandes.

Leur corps glacial endormait le feu de leur jeunesse
au prophétique sommeil du tombeau.

La soupe, la soupe pour ces chiens bleus affamés aux pattes rongées de remords, témoins de leurs destinées.

Alors ces âmes prisent dans les cages aux barreaux d’aiguilles,
hallucinaient au sourire édenté de leur possible.

Leur mur de crainte s’effondrait à chaque renaissance dans un fragile abandon, ou seul le soupir laissait croire au repos.


À genoux cherchaient dans leurs vomissures la voie du réconfort,
implorant une dignité au reflet mirage.

Ils se cherchaient dans l’ombre des souterrains, à l’agonie, croyant
en leur image dénaturée.

Et là seulement ! Leur regard saturé de pardon laissait tomber aux portes de leur lune sombre un éclat de jouissance.


/NOH-CIP


ce texte est en prose aux mots choisis.

Ecrit par Noh-cip
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