Le hamac

Chaque été, veuille, sycomore,
Obombrer l’ibérique hamac
D’où mon œil alangui explore
Ta ramure jetée en vrac.

Où les oiselles, tôt côchées,
S’engouffrent en se laissant choir
– Sous ma protection rapprochée –,
Chacune en son profond nichoir…

Mésange huppée, pinson, sittelle,
Roitelet, rien moins que poltron,
Rossignol, qu’on dit Philomèle,
Rouge-gorge au noble plastron,

Tournez sans peur votre manège,
Je loge au plus bas des paliers !
– Vraiment ! pourquoi, comme vous, n’ai-je
Le ressort pour les cieux rallier ? –

Centuplez vos allées-venues !
Cascadez sans crainte à vos branches !
Ne suis-je captif maintenu
Dans mon filet aux couleurs franches ?

Plus innocent en ce cocon
Que n’est le chat de terre cuite
Qui vit scellé sur le balcon
Sans droit de chasse ou de poursuite.

Elancez-vous de tige en tige,
Rivalisez de joie, d'adresse,
Soyez les as de la voltige
Qu'un simple coup d'aile redresse !

Rebondissez, grêlons d'averse !
Boules de feu, fiers lampions,
Je vous observe à la renverse,
Cachez donc vos petits croupions !

***

Le jour où, hélas, quatre planches
Me feront un berceau étroit,
Qui à la tête, aux pieds, aux hanches,
De mon linceul, sans nul effroi,

Saisissez-vous, chères mésanges,
Et dans le gazouillis des anges,
Quêtant l’adret, fuyant l’ubac,
Portez-moi là-haut en mon sac !




Ecrit par Gkak
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