Le dernier survivant

la maison abandonnée à de la peinture sur les yeux
Les gouttes de pluie dansent sur les carreaux tout blancs
Les pièces sont creuses, vides. Ça résonne dedans.
Un chat miaule à l'intérieur, il aime entendre son écho
de l'herbe pousse entre les joints usés du carrelage.
Il y a des traces de tableaux sur les murs que l'on aurait enlevé.
Il a des traces de rire au milieu du salon où aucun canapé se montre.
Des pleurs dans la chambre étouffés par des oreillers qui transpirent
le grenier n'a plus d'âme à part peut être dans cette malle
Quelques photos oubliées, quelques lettres sans mémoire.
On entend dans la cave quelques craquements
C'est les rats qui s'installent pour se protéger de l’hiver.
La pluie tombe de plus belle sur la maison cassée
Elle n'a plus l'âge de recevoir ces saisons humides
mais il n'y a plus que ça, il n'y a plus d'été.
La toiture a des trous. Les tuiles se sont décrochées
Se sont envolées par le vent, pas bien loin, juste là à côté.
On entend que sa siffle dans la charpente, dans les poutres
comme un dernier son de vie, un sursaut, une presque mélodie.
Le chat se faufile dans les couloirs, il passe de pièce en pièce
il y a de l'humidité sur son poil et son museau plein de poussière.
A pas feutré il glisse jusqu'au dehors pour ne plus y revenir.
Entre les murs s'installe de tout son long
le temps du silence lourd, plombant l'instant.
Le motif des tapisseries sont effacé
certaines baillent, décollées comme les pages de cahier d'écolier
Un miroir de femme posé sur la commode reflète une image
Une sorte de silhouette sage accroupie dans un coin.
Comme un pantin vivant, une ombre perdu de vue.
Est-ce moi qui passe dans la glace ?




Ecrit par Kero
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