Ancolie - mélancolie

Voici qu’au jardin se pavane l’ancolie,
Ambassadrice de l’été,
En jupes à godets de teintes fort jolies,
Couronnée d’aiguillons pointés.

Dominant le fouillis de la feuillaison verte,
Elle joue de ses cotillons.
L’étamine sucrée sous la robe entrouverte
Fait le régal des papillons.

« Gant de Notre-Dame » la nommait ma grand-mère
Qui cueillait les fleurs tôt matin
Pour faire un tapis au parcours processionnaire
De l’ostensoir vers la mi-juin,

Tandis que la noble rose était destinée
À trôner sur tous les autels,
Les mystiques fleurettes mouraient piétinées,
Gloire éphémère et sort cruel.

Ancolie-mélancolie, quand j’étais petite,
Je te sacrifiais sans blêmir
Avec la pivoine, le lis, la clématite.
Pardon de t’avoir fait souffrir.

Tu crois chez moi, depuis, comme une herbe follette,
Pour honorer Dieu nul besoin
De rituel, cette coutume est obsolète,
Ta place est ici, au jardin…


Lointains souvenirs de la Fête-Dieu.
J’aidais ma grand-mère à dévaliser le jardin de ses plus belles fleurs pour les lancer sur le passage de la procession.
Elle est fixée cette année à jeudi prochain 20 juin.


Ecrit par Oxalys
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