C'est rien du tout

C’est sûr jamais je n’aurais dû
Cacher les chaussons du patron
Ni quand venaient des inconnus
Japper pourtant avec raison.

L’automobile à l’horizon,
Saturée pour la circonstance,
Quittant les buildings de béton,
Roule en direction des vacances.

Museau collé à ses talons,
J’ai bien tenté la rattraper
Aboyant plus que de raison,
A m’en déchirer le gosier.

Mes coussinets ont les stigmates
De ma longue course effrénée...
Que pouvaient donc mes pauvres pattes
Contre leur plan délibéré ?

Je me tiens là, abandonné,
Perdu dans l’immense déroute
De mes sentiments torturés,
Sur le bas-côté de la route.

Ils m’étaient tout et plus encore,
Je me pensais de leur tribu !
Comment se peut-il qu’ils m’ignorent
Comme une malle superflue ?

Vers où aller, ne pas aller ?
Sous cet orage, si loin des miens,
Que deviendrai-je sans aimer,
Vagabond et sans goût à rien ?

Dans cet océan de détresse
Qu’est le ruban de la chaussée,
S’exhale toute la tendresse
De mon cœur seul et ravagé.

Ils m’ont laissé, sans un regret
Ne me laissant, c’est rien du tout,
Après dix ans à leurs côtés,
Qu’un collier sans nom à mon cou.

https://youtu.be/XW5-CQdmE_8



Une petite piqûre de rappel en cette veille de grands départs!


Ecrit par Fregat
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