En exil
Que verrons nous de l’autre coté des falaises,
Le cœur noir des étoiles tremblantes de fièvre,
Les éboulis des espoirs devenus malaise,
Les épaves d’amours brisés au bord des lèvres ?
Nous chercherons dans l’obsidienne de nos âmes
Ce pur néant qui entre nous s’est installé,
Nous verserons sur nos plaies de la jusquiame,
Ensorcelés, pareils aux troupeaux de Circé.
Somnambules ployant sous le joug de la peur,
Nous errons dans un désert d’échos sans mémoire,
Notre nom est légion, nous n’avons plus d’histoire,
Notre raison n’est plus qu’un masque de frayeurs.
Nous survivons dans les désastres d’une absence,
Qui, par pudeur, loin de nos corps s’est transportée,
Nous oublions dans nos tumultueuses transes,
Qu’être libre commence par l’humilité.
Chaque instant nous perdons le langage du monde
Dans la nuit sans étoile qu'un aveugle rêve ,
Mais quel est donc ce bruit qui, à nos portes, gronde ?
C'est le déluge, il se fracasse sur la grève !
Peinture de Richard Oelze, XXème S (Nouvelle Objectivité,Allemagne).
Ecrit par Banniange
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