Au ras du ciel


Comme un bateau part et se perd,
Ses doigts dessinent des poèmes
De vers trempés dans les dilemmes
Des humeurs torses de la mer.

Ils ne savent pas où ils vont
Mais ils sont faits pour les voyages
Et il est dans cet équipage
A peine plus qu’un moussaillon.

Monté là-haut sur le grand mât,
La main portée à ses sourcils,
Émerveillé par son exil,
Il crie en bas tout ce qu’il voit.

Descendu sur le bastingage
Qui a l’aspect d’un calepin,
Il dépose, d’alexandrins,
Le châssis brut sur une page.

Il le décrasse et le corrige
A grands coups de seaux détergents
Où écument ses sentiments
Dans une sorte de vertige.

Puis il jette l’eau usagée
Quand sa croisière se termine,
Que les frissons de sa poitrine
Ont fini de se déverser.

Parvenu à destination,
Dans le port où il fait escale,
De sa trace écrite finale
Il fait à des badauds le don

Avant de retrouver heureux
La solitude maritime
Au gré d’un océan intime
Qu’il interroge encore un peu.

Son âme ainsi fait la conquête
Du soleil de sa liberté :
Au ras de l’eau est le poète
Au ras du ciel vit sa pensée.

https://youtu.be/4zAo7-ZMctM




Ecrit par Fregat
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