Compagnie du promeneur solitaire

Avril, de mars sèche les pleurs
La terre sort d’un long coma
Chaque fruitier recrée sa fleur
Se souvenant qu’elle embauma

Nous allons seuls, ma chienne et moi
Entre frênes et chênes-verts
Le merle noir est en émoi
Pour la merlette, ou pour un ver

Sans s’attarder à des vétilles
Le roitelet énamouré
Autour de sa belle sautille
Et l’entraîne dans son fourré

Sans se montrer, le geai jacasse
Puis file presque entre mes pieds
Un bec-gros s’acharne et concasse
Quelque akène qu’il a pillée

Au sommet d’un tronc le pivert
De son pic martèle une écorce
Heureux d'avoir franchi l'hiver
Nous le fait-il savoir en morse ?

Chaque bourgeon s’emplit de sève
Et chaque tige se redresse
Il ne manque qu’Adam et Eve
Lui pécheur, elle pécheresse

J’avance hélas en solitaire
Au cœur de ce beau printemps neuf
N’y en a-t-il sur cette terre
Que pour l’oiseau qui pond son oeuf ?

Rageur, je poursuis ma balade
Seul sur la route qui mincit
Au côté d’aucun camarade
C’est dommage mais c’est ainsi

Ma chienne va par les labours
Le goudron, je crois bien, l’agace
Monte en mon cœur, discret tambour,
Le tam-tam de mes pataugas.




Ecrit par Gkak
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