Quitter la rade sans parade....

Je ne suis plus aux bords du quai !
Le vent m’entraîne
Sur son chemin et fait claquer
Le spi qui traîne !

J’ai réparé mon vieux rafiot
Pour l’aventure,
Car le pensant parfait coffiot*
De conjoncture.

Pourquoi ramer quand, grâce au vent,
Flottant sur l’onde
On peut voguer, sans bras fervent,
Vers l’autre monde ?

Je partis donc en pleine nuit
Quand la sirène
Du port dormant fit son grand bruit
De souveraine.

Personne au quai ne vint me voir
Hisser la voile ;
Pas même un chat de manteau noir
Pour bonne étoile.

Ainsi s’en fut mon grand départ,
Sans fioriture.
Mais, depuis peu, d’heureux veinard
Je fais figure ;

Car m’approchant d’un archipel
Au vert rivage
Je lance enfin le net appel
De l’arrivage.

Ô Robinson ! Quel alizé
Ici t’amène ?
Me dit l’écho d’un balisé
De race humaine.

Je suis poète en permission
Faisant balade
Pour accomplir une mission
De guignolade.

Approche toi, sans grande peur,
De notre terre !
Car, en ce lieu, point de sapeur
De caractère!

Sois donc en paix car nul esprit
N’a la maîtrise
De l’absolu qui est prescrit,
Mais tyrannise.

* coffiot: coffre fort...




Ecrit par Tonindulot
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