Etat des lieux


La culture s'empâte, et l'art, c'est du cochon ;
Qu'ai-je dilapidé les trésors du génie,
Chanté, langue des dieux, pour un public ronchon,
Tes accords qu'aujourd'hui le tout-un-chacun nie !


Ouvre un peu les yeux :
Coincé par toi-même
(Personne ne t'aime)
Tout t'est fallacieux !

Il n'est plus au centre
Ton piètre nombril !
(Pris dans le nombre, il
Se réduit en cendre !)

Tout me quitte - quoi ?
C'est la solitude
Sans sollicitude !
Serais-ce la loi ?

Ecrire m'ennuie
Pour combler le temps
J'entends et j'attends
Que tombe la pluie...

Jadis, j'allais loin,
Mais là, plus de route !
Personne n'écoute
Mon savant tintouin !

Orphée est exsangue,
La Lyre s'endort...
Le verbe est-il mort
Et morte la langue ?

Non ! Mais c'est un creux
De vague exécrable ;
Il s'échoue au sable
Le saint axe preux.

Travaillons au vide
Du vers jamais vu
(Te serais-tu tu,
Si véloce Ovide ?)

La beauté des mots
Partout sabotée
Néanmoins s'étaie
De nouveau rameaux !

Arbres du langage
- Agrestes parlers -
Vous poussez par les
Racines de l'âge...

Le mauvais coton
Que filent les lettres
Le doit à ces prêtres
Prêchant le bon ton.

Le livre est en berne
(Me suivre est ardu ?)
- Je chante l'art du
Monstre ancien de Lerne !

Ce soyeux joyau,
La littérature,
Faiblement perdure
- Mais qu'est loin Boileau !




Ecrit par Salus
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