Les yeux de scarlett

On dirait ton regard le vertige d’une vaste jachère
Où cavalent quelques chevaux parmi les bruyères ;
Grandiose prairie bariolée où mon esprit se repose
Pour en oublier ceux qui font les journées moroses,
Princier pacage bigarré, certes, mais où malgré la fraude,
Je me nourrissais de cette éminente nuance d’émeraude.

Cimetière devenu jardin pour le reliquat de notes poivrées,
Duquel méditent les vulpins et s’épanouissent les grenaches
Lorsque vrombit l’onduleuse vipère puis chutent les pistaches !
Quel éden ! Et les friselis capiteux bordant ce voile d’Empyrée ;
C’est la céleste vénusté qui, frissonnant, se faufilent entre les mains,
C’est l’inespérée miséricorde d’une majesté ou le divin smaragdin.

Quand, dans tes iris frangeant cette tendre encyclie et dont le sel
Huche les réminiscences d’une mer blafarde aux lames imbelles,
Chante le charme irisé, le sortilège verdissant les antiques gravats,
Je me sens toujours captif de ce dédale d’un vertige insoupçonné !
Mais bienheureux celui qui meurt sous séduction de ces apparats
Car, de la soudaine surprise, il en conservera un sourire sculpté !

Sûr qu’au sein de nos songes endeuillés, les vaillantes chimères
Sans jamais pouvoir riposter nullement s’en retrouvent lumière
Pour peu que tu mires ces insondables tristesses dont le parfum
Rappelle ces entailles sanguines que l’on s’est octroyé pour rien ;
Les ombres peuvent bien, contre les sylves à bras ouvert, s’armer
Tant qu’il est tes œillades discrètes pour, en nos âmes, verdoyer.

On pourrait ainsi s’y pencher pour y dénicher quelques histoires
Que l’on se conte à l’épilogue du crépuscule pour chasser le noir
Attendu que les astres ne savent point commettre pareille magie
Mais bien trop de siècles s’augurent avant notre disparition
Pour seulement avoir le temps d’en évoquer l’imposante religion
Alors moi, pauvre démon, que suis-je d’en peindre le génie ?

Si l’on s’épuise au sommeil marqué de son empreinte,
Sans doutes que nos rêves nous permettront d’en boire
Le luxe alliciant d’un verre et ses soupçons d’absinthe,
Histoire d’embellir jusqu’à l’extase nos mornes mémoires !
Et l’on ne sait plus si ce que l’on a vécu tient au passé
Ou si cette doucereuse ivresse n’est que réalité fardée.

Éclat de ces fraiches feuilles vernales, en pointe et cordiformes,
Diaprant une grâce qui, des standards, tisse une douce réforme
Pour ces aventurines géminées, occultant des forêts la splendeur
Et dont les souvenirs de jade fouettent mes pensées à toute heure,
Je me harasse, muse indécente, à deviner quelle est la main avertie
Ayant façonné, aux recoins du monde, cette splendide symétrie !




Ecrit par Djokaire
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