Prestige



Qu’avez-vous donc à me lire,
Sans comprendre, si nombreux !
Tel Moïse ses Hébreux,
Croyez-vous donc mon délire
Quand je dis « Je ponds les œufs
D’un futur à l’oiseau-lyre ! »

Pourquoi m’applaudissez-vous,
Tous debout sur les estrades ?
Est-ce fou ! Toi qui tout brades,
Public, l’art comme les choux,
Qui fait du théâtre, aux rades,
Seulement pour les gens saouls !

Pourtant, me porter aux nues
Sans cesse me rendra fat !
Mais tant pis, puisque (à Dieu vat)
Je vous ai fait l’âme émue !
Vous me saviez scélérat
Sous l’appeau de chaque mue,

Et m’honorez de bravos
Dès que je chante ! (et je trime !)
Or j’exacerbe le crime
Et j’encense de vrais maux ;
Si vous criez à ma rime
Ainsi qu’au Christ les dévots,

C’est que trompés par le chrême
Dont sont oints tous mes « tais-toi »
(J'en enduis la dure loi
Littéraire) - je vous aime ! -
Vous voyez du quant à soi,
Lors ne sont que sucre et crème !






Ecrit par Salus
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