Si seulement j’avais racines

Si seulement prenant racines
Au sol je restais bien rivé,
M’enivrant aux sources ambrines
Des sels d’une terre enjouée !

Croître chaque jour, toujours droit,
Vers ces ciels qu’ils jubilent ou pleurent,
Déployant haut mes bras de bois,
Frôler leurs hauteurs supérieures.

Etre chêne, érable ou sapin
Que l’été tenterait brûler,
Que l’automne tordrait soudain
Et l’hiver mordrait à son gré.

Mais, dans la pendule du temps,
Fuirait toute mélancolie,
Car le chahut vert du printemps
Me rendrait force, joie et vie.

Tu viendrais à l’ombre sereine,
Sous ma ramure déployée
Itinérant en sa sirène
Ouïr le chant du chardonneret…

Et mes feuilles déposeraient
Quand serait loin l’oiseau gracieux,
Ce murmure en tes yeux fermés,
D’un amour pur et silencieux

Qui aurait la paix des nuages,
Goût de mer quand porte le vent,
Cette âme, ce sel au visage,
Qu’argentent tes yeux bien souvent.

Hélas je n’ai point de racines
Pour bien au sol rester fixé,
Et de mes jambes je lambine
Sur des chemins parfois mauvais.




Ecrit par Fregat
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