Symbiose des impasses



- Aux intuitions de Mallarmé -




Le réel serait vil ? Ton génie est jaloux !
Ce surpuissant poète est notre mère à tous !
Bien sûr, ton œuvre énorme est un trou dans le gouffre,
Et tes affres, reflets où l’impuissance souffre !
Vrai ! Nous sommes cloués ainsi que pierre au sol ;
Désole-toi, folie au pathétique envol,
De l’impossible faix lourd à ton aile fausse,
Quand tout oiseau, vainqueur, vers tant d’azur se hausse !
Quand levant tes yeux doux, muse, aux cieux interdits,
Spoliant ton féal, tu clos le paradis !

Aux rets de l’impalpable, encor ! âme inhumée,
Tu te débats, vieux maître ! en tes nuits d’Idumée…

Diamant tragique, étoile, ô quêtes improbables !
Hissez-vous ! Dépassez ! Assassinez les fables !
Faites vibrer les sens, faites sonner les sons !
Brillez ! rayons ! soleil ! à nos pâles chansons !
Qu’un verbe prenant corps, le phonème s’éveille !
Et nous enivre au poison fort de cette treille !

Hypothétique Graal d’une image vivante,
Espoir toujours déçu d’un blanc foc qui dévente !

A la langue est un être avec de très grand yeux ;
Il a pensé nous naître en des mots fallacieux ;
Mais l’humain crée aux dieux des mystères tenaces
Et ses plus grands espoirs sont ses plus grandes nasses.

Dialectes purs perdus, proscrits et saccagés,
Vernaculairement détruits ! Crimes âgés…

Orphée ! Orphée !
Au feu !
L’homme est devenu fou !
Il sème le vocable au désert, n’importe où !
Comme un dernier iceberg s’abîme à l’onde amère,
Emportant avec lui, rêve des vrais poètes,
L’alpha et l’oméga des néants et des crêtes…




Ecrit par Salus
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