Soupirs d'un vieil enchantement

Capturée par images, ma vie semble déteinte
Je cherche dans la nuit une passion nouvelle
Mais seul le noir répond à mes longues complaintes
Pas un seul élément ne me lance un appel...

Mes tendresses sont nues, affligées de blizzard !
Ma conscience amollie ne pressent plus le feu
Et les jours sans folie, ébranlements du phare
Font leur long défilé désert et vaporeux

Rien ne charge de transe les troupeaux d'habitudes
Qui me sont affectés comme des valets d'ennui
Le tableau oublié de mes vieilles études
Recouvert de poussière, n'instruit plus mes avis...

M'attristant, seul, de ne rien croire
Je vois tomber des paradis
Des rêves suaves de foulards
Battant d'amour et d’infini

Je me console comme je peux
En regardant passer le temps
La nonchalance prêtée au jeu
Des flâneries de mon étang

Si du cou de la vie on pouvait faire un cygne !
Si du zeste des voix on pouvait planter l'arbre !
Butiner la magie que nos rires désignent
Corriger les menaces d'une seule palabre !

Je me ferais héraut de la noble croisade !
Partant sur le chemin qui conduit à la moelle
La profondeur au sein d'une belle accolade
Dénouant les chagrins à la vue des étoiles...

Mais rien ne semble plus frapper d'étonnement
Mon esprit enneigé à la merci du vide
Pour un peu de vigueur je donnerais mon sang !
Mais un sot cavalier se cramponne à ma bride

M'attristant, seul, de ne rien croire
Le quotidien glace mes doigts
L'indifférence des hasards
Fait du limon de mes émois

Devrais-je mendier de la surprise ?
Remodeler des convictions ?
Trouver mystère dans la bise ?
Restructurer ma volition ?

Avant que les sillons aient raison de ma chair
Je voudrais peindre un mot plus pérenne qu'un dieu
Une œuvre de génie à la révolte claire
Donnant sens aux douleurs, quels qu'en soient les enjeux !

Car malgré la paresse de ma saison banale
Le citron évidé qui me sert de festin
Je connais le trésor des quêtes idéales
Qui étincelle aux veines des souffleurs de destin !

Est-ce un rêve trop vaste qu'une estampe soignée
Des ressorts du courage qui émaillent l'histoire ?
Cet élan de jeunesse par les cieux possédé
La racine de ceux pour qui tout fut un art !

M'attristant, seul, de ne rien croire
Je me revêt de crépuscules
La pauvreté en étendard
La perplexité aux cellules...

J'attends la fièvre impertinente
Qui fêtera l'immensité !
La contagion de fleurs aimantes
Éveillant l'homme à la beauté !

Est-ce encore une vie qu'un pas sans battement ?
Sans le langage chaud de la vive comète ?
Enflammons nos échanges de puissants sentiments
Crépitant sous l'éclat des visions du poète !

Comme si l'instant commun était un cri unique !
Qu'une âme sœur passait sur le trottoir du monde !
Que la mort s'effrayait d'une intime musique
Plus sensible qu'un orgue, plus gracieuse qu'une onde !

Ignorant le parfum de vanité des actes
J'aurais enfin bonheur à m'installer aux tables
Devisant de vertige, saoul d'amitiés compactes
Le goût des différences me comblant d'ineffable !

M'attristant, seul, de ne rien croire
Je bois des brocs de souvenirs
Le corps ronflant sur le plumard
Grattant mollement mes désirs

Bientôt j'irais jusqu'aux toilettes
Pour déposer l'inévitable
Faute de mieux, l'affaire honnête
Prouvera que je suis capable

De faire preuve d'intensité
Pour une tâche sociétale !
Sans le doux drame d'un baiser
ou le curieux sujet d'un râle...


Reflet fidèle de mon présent. Poème désillusionné, sombre, mais non dénué de couleurs et d'espoir.

Ecrit par Tomdubor
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