Le petit raz



Du rift écroulé le
Choc vint et la fit ; ronde, à peine ondulation,
Eperdue, enlacée au grand roulis du large
- C’est une forme immense, en pleine exaltation !
C’est une lame folle où s’exprime la rage,
La souplesse mouvante et dessillée,
Fleur d’association contrariée :

Les amours d’astres et d’eaux bleues.

Oblongue et longue, accélérée, elle s’enfuit
Loin du ménisque arqué, liquide, sous la lune,
Et notre temps ressemble au cinétique étui
Enceint des océans, desservi par Saturne,
Où chaque heure est une vague éconduite,
Où l’espérance à la grève est conduite.

Neptune y veille, ô berger scrupuleux !

Elle monte et déferle, oscillante, se tord
En pendulaisons de langueurs assassines !
Elle est en nous l’animal sauvage, sans mors,
Sans âme et sans sommeil ! qui nous chante les hymnes
Aux libertés sauvages enfouies
Sous le lagon des larmes inouïes

De notre enfance sourde et nos élans perdus.

Elle va, propulsée, écumante et giflée,
Caracole au sommet des liquides chaos,
Ces déserts tourmentés où la vie insufflée
Par l’onde à l’onde vive, ainsi qu’au bruit l’écho,
Nous est l’unique espoir si mystérieux
Qu’au dévaloir des vertiges furieux

Nous puissions opposer, dans nos débâcles éperdues.

Tel un serpent languit lascif et délové,
Sous les iris lactés des étoiles sans yeux,
Vastes flots d’infinis déchirés de novæ,
Ample, inchaste, elle flirte avec l’hydre saigneux
Embué de lumières et d’humeurs,
Aux cieux, peut-être, où quelque dieu se meurt…

Amer Panthalassa ! trop avons, haletant, bu cet air dû !

Les Zéphyrs ont violé la surface miaulante
Mais dans les profondeurs d’agates et d’acier,
Pressée et bousculant d’atroces Léviathans,
Vif-argent polymorphe, elle crée et décrée
Mille sinuaisons, cent milliards d’émotions !

Surtout, la côte est proche où l’on devra s’ourler.




Ecrit par Salus
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