L’importun fakir

(Quatrains de 11 syllabes à rimes embrassées)



Un matin rouge empli de coquelicots,
L’air pestait les fleurettes de mon jardin;
Alors vint un fakir aux pieds de gourdin
Qui changea mes fleurs en grossiers asticots.

Le midi, encor blessé par ce méfait,
Je pleurais âprement mes amours en fleur
Quand brusquement, l’ascète au pif renifleur
Fourra son nez dans mon jardin imparfait.

Le soir, pendant que je dormais, l’âme en paix,
J’entendis un bruit dans un coin défleuri,
C’était le hideux malandrin, ahuri
De le voir semer avec tant de toupet.

Le lendemain dans quelques béats silences,
Mon corps maussade flânait en libertin;
Soudain, le fakir, là sur son cul hautain,
Péta comme un porc d’infectes flatulences.

Et l'on vit sortir de cette puanteur
Des bouquets de coquelicot et de rose;
Délaissant mon cauchemar et ma névrose,
Je le remerciai d’un sourire flatteur.


Claude Lachapelle / septembre 2016

Ecrit par Claudel
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