Failles



Que n'ai-je agi sincèrement
Envers moi-même
Quand je croyais qu'aller, aimant,
Etait obscène.
Quand je mettais les idéaux
A la misaine
Pour ne pas voir briller les eaux
Des mers de haine.

J'ai perdu presque tout mon temps ;
Mangé le reste.
J'aurai laissé toutes mes dents
- Plus ! sans conteste,
Au jeu de dupes du reflet
Faux, triste et leste,
Qui mûrit mal, comme un fruit blet
Donne la peste.

Et si, Nature, j'ai suivi
Ton évidence,
Je n’ai pas su tenir ce cri
- Ton exigence -
Qu'on doit pousser jusqu'à la mort,
Jusqu'à la transe ;
Et qui hâtera notre sort,
Quoi qu'on en pense.

C'est sûr, je t'ai manqué souvent,
O, chose vraie !
Mais croire en toi, c'est croire au vent
- Miserere ! -
Et pourtant, quand l’âpre griffe est
D'un croc qui raie,
S'inscrit au glyphe du décret
Toute l'ivraie !

Si l'air est doux, les mots jolis,
Quand même est vaine
La pensée, aux sens ennoblis,
Sourde et sereine ;
Il restera quelque chanson
Peut-être audible
Aux diables qui goûtent le son
Indescriptible !?...




Ecrit par Salus
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