Lise

Mais qui a soulagé sa peine
qui a rompu ses habitudes
lui a offert une verveine
pour réchauffer sa solitude,

qui est venu jusqu’à sa porte
lui servir un grand bol de lait
a balayé ses feuilles mortes
pour l’empêcher de retomber,

et qui a pris de ses nouvelles
chaque matin à l’hôpital
qui lui a dit qu’elle était belle
dans sa chemise de percale ?

Qui a mis sa main dans la sienne
et serré fort ses pauvres doigts
qui l’a bercée comme une reine
avec des refrains d’autrefois ?

Qui a rallumé ses sourires
et mis le feu à sa prunelle
en évoquant des souvenirs
qui jusque là n’étaient qu’à elle ?

"Je suis un homme du village
et si vous me regardez bien
vous souviendrez de mon visage
je sais, tout cela est si loin !

Oui, nous aurions dû vivre ensemble
si la vie ne nous avait pas
séparés un soir de novembre
combien j’ai pleuré sur vos pas !

Cet homme venu de la ville
c’est sûr qu’il vous impressionnait
j’ai su qu’il était inutile
et vain de vouloir vous garder.

Cette nuit-là, devant l’église
nos deux destins se sont brisés !
Rien qu’une fois, dites-moi, Lise
dites que vous me connaissez ! "

Il a rajusté sa chemise
et remonté ses oreillers
puis refermé les yeux de Lise
qui en dormant lui souriait.

Lise est partie comme en un rêve
du passé sans la moindre idée
un baiser posé sur ses lèvres
c’est le bon Dieu qui l’a aidée.


En hommage à Gérard Berliner dont j'ai emprunté le premier et le dernier vers de sa chanson Louise.

Ecrit par Ma douce
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