Le pays roux

Il est venu ce temps mystique
Où frissonne le long des bois
La plainte douce des cantiques
De vents fervents sifflant leur foi.

Les sentiers gris sous la rosée
D’une nuit plus longue s’éveillent
Froissant dans les grands matins frais
Leur duvet d’étoffe vermeille.

Versant des niveaux supérieurs
Des larmes diaprées journalières,
Dans leurs pieux soupirs intérieurs,
Les arbres tombent en prière

Et plus rien ne semble pouvoir
Stopper la danse saccadée
Des feuilles jusque dans le soir
Qui tissent au sol des secrets…

Ah sous ce décor déchiré
Du pays roux que l’œil effleure,
Combien d’heures illuminées
Revivent soudain, et puis meurent

Quand la saison saignant debout,
Blessée à mort mais lentement,
Disperse sa douleur partout,
À chaque pas, aux quatre vents !

Tout résonne et sent l’abandon
Dans l’absence faite lumière,
Et de silences vagabonds
L’esprit s’émeut, part en arrière.

L’on se prend même à divaguer,
À souffrir de devoir conclure
Qu’on a laissé filer l’été
Sans toucher à cœur sa verdure.




Ecrit par Fregat
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