Là d'où je viens

Je ne sais pas ce que je sais,
Je ne dis pas ce qui bruisse dans mon âme silencieuse
C’est comme un souffle, toujours à fuir !
C’est une flamme, toujours autre !

C’est une mélodie qui revient sans cesse,
Une mélodie qu’on ne peut chanter,
Qui est d’un autre monde, d’un autre son.

Là d’où je viens, vois-tu,
Je sais que le froid, le laid, le poison sont inconnus
Comme les sont le faux, le mal, l’espoir même
Et l’amour…

Oui, même l’amour !

Non, là d’où je viens
L’amour n’existe pas !
L’amour ne peut exister comme préambule,
Même comme idée, là d’où je viens.

Là d’où je viens,
C’est à peine une intention,
L’amour,
Un rêve inconscient, peut-être.
Là d’où je viens,

L’amour est juste un … mobile.
C’est pour ça que je le vis si fort.
Il ne peut être en dehors de mon être.
Il ne peut naître qu’en dedans de mon être.

L’amour ne peut se prendre,
Car il ne peut que naître là où tu me touches
Dans l’âme.


Là d’où je viens,
L’amour n’est pas connu.
Il faut prendre corps
Pour découvrir l’amour.
Mais prendre corps n’est pas l’amour.

Il faut s’ouvrir
Pour découvrir l’amour.

Mais s’ouvrir est un risque de souffrir
Il faut sourire
Et sourire s’est s’ouvrir
Pour laisser entrevoir le bonheur
D’être envahi par un autre être.

Et la mort ?…
Là d’où je viens,
La mort n’est pas connue,
Le froid n’est pas connu,
L’obscur non plus,
Pas plus que le doute
Ou l’espoir,
Là d’où je viens.

Et la douleur ?
C’est la couleur
Entre le clair et l’obscur,
La lumière et l’ombre,
L’amour et la mort,
Là d’où je viens, on ne souffre pas.

Là d’où je viens
Tout est parfait,
Rassurant, noble, riche
C’est une corne d’abondance.
Volonté pure,
Attente patiente,
Regard compatissant.

Mais,
Là d’où je viens,
C’est trop lumineux.
Tout est claire lumière
On s’y perd…
On ne peut y connaître
Ni la peur de devenir
Ni la peur d’être,
Ni l’angoisse de ne pas être aimé
Ni celle de ne pas savoir aimer,
De ne pas savoir lire
Dans le regard,
Dans le sourire de l’Autre
Qu’il me touche et m’émeut
Jusque dans le sanctuaire de mon être
Là où encore jamais personne n’est allé
Ni même moi !

Là d’où je viens, on m’a chassé
Gentiment,
On m’a dit :

« Tu dois apprendre,
Tu dois connaître,
Tu dois co – naître,
C’est la mission de ton être ! »

« Va, et reviens quand tu sais,
Un peu sera déjà beaucoup,
Nous on ignore
Ce qu’est de vivre
La peur, la mort,
La douleur

Et l’amour.

Ce sont des trésors
Que tu peux faire naître
Mais on ignore
Et comment les faire naître
Et comment ils sont
Et comment ils agissent
Et donc comment leur répondre… »

Là d’où je viens, ils m’ont dit encore :

« Va dans la paix
Et rapporte-nous ces graines.
Alors nous les sèmerons
Pour qu’elles se révèlent
Dans leur beauté, leur grandeur
Leur richesse, leur noblesse,
Et alors seulement,
À notre tour,
Nous saurons. »

Là d’où je viens, ils ont ajouté :

« C’est une lourde mission que tu reçois.
Aimer, mourir, souffrir
Et même respirer de l’air,
Boire de l’eau,
Se nourrir de la terre
Ne sont pas de notre monde,
Mais nous savons
Que ce sont des trésors incommensurables
Les trésors de la création qui ne peuvent être
Que là d’où nous nous retirons.

Nous n’avons pas ta force,
Nous avons pu et su juste te donner
Les moyens de l’avoir,
Cette force
Qui vient du dedans
Parce que tu pourras te sentir
Seul,
Isolé,
Triste.

Alors à ce moment-là
Tu sauras,
Dans le regard,
Dans le sourire de l’Autre,
Qu’il est seul aussi,
Et vous apprendrez
À vous fondre l’un dans l’autre
Tout en restant séparés. »

Là d’où je viens
C’est là que je retournerai.

Là où je suis
Tout est fait pour que j’oublie
Ma mission
Donnée par ceux de là d’où je viens
Mais dans ton regard
Dans ton sourire
Et parce que j’ai su ouvrir mon cœur
La mémoire m’est revenue,

Et l’ombre de ma vie
S’éclaire doucement
À force que tu me remplisses de toi.

Là d’où je viens
Je crois qu’ils seront heureux
Des cadeaux que je leur rapporterai.
Mais à l’heure présente
Je ne suis pas pressé,
Je peux encore attendre de te rencontrer
Pour te dire mon amour
Et voir l’effet que cela te fait
Même si tu le sais déjà.

L’amour est vie,
Là d’où je viens ils ne le savent pas
L’amour est joie,
Là d’où je viens ils ne le savent pas,
L’Amour est roi,
Là d’où je viens ils ne le savent pas.

L’Amour, c’est quand nous est,
Quand nous peut marcher dans la lumière
Ensemble
S’abreuver à une source
Ensemble
Quand nous peut voir un papillon
Venir butiner tes lèvres
Puis les miennes et encore les tiennes
Dans une ronde céleste
Jusqu’à plus soif pour lui.

L’Amour, c’est quand tes mots me guérissent
C’est quand tes maux me souffrent
C’est quand je sais combien nous sommes pareils
Et si différents en même temps.

L’amour c’est quand ces différences
Nous donnent envie de nous connaître.

Là d’où je viens,
C’est ce qu’ils rêvent que je leur rapporte,
Un rêve commencé dans la nuit des temps
Devenu réalité par nous.



Là d’où je viens, tu viens aussi.


en guise de présentation

Ecrit par Patrick
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