La colère du printemps

Le jour dit, le printemps arriva sans manière ;
Il avait emmené les matins de lumière,
Les jours ensoleillés, les passereaux chanteurs,
Hirondelles et fleurs, abeilles et senteurs.

Après un rude hiver et un bon petit somme,
Il attendait serein la réception des hommes
Mais se savait aimé par les dames surtout
Grâce aux parfums si doux dispersés de partout.

Or à son arrivée, il vit les rues désertes,
Des ombres s'agiter aux fenêtres ouvertes ;
Seulement se pressaient quelques individus
Qui portaient sur le nez un morceau de tissu !

Le soleil comme lui n'en crut pas ses rayons !
Que faisaient tous ces gens derrière ces chiffons ?
Dans cet accoutrement ils étaient ridicules
Et lorgnaient sans arrêt la montre ou la pendule.

Par ce curieux décor le printemps fut saisi !
Il crut à une blague ou une fantaisie,
D'autant que les oiseaux paraissaient tous contents
Dans les feuilles sorties pour fêter le beau temps.

C'est lorsqu'il entendit les vivats dans le soir,
Qu'il vit les gens debout saluer la nuit noire,
Qu'il piqua sa colère et crut bien défaillir !
C'est ainsi, hurla-t-il, qu'ils viennent m'accueillir !

Ils préfèrent la nuit à mes chaudes journées !
Puisqu'il en est ainsi, je vais tout remmener !
Le printemps repartit comme il était venu
Jurant sur tous les toits qu'on ne l'y prendrait plus !


Une petite histoire, encore dictée par les évènements actuels...
(avril 2020)



Ecrit par Wawa
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