Bibl...

J'entre sur un plancher qui craque.
Les étagères garnies d'ouvrages denses
Font résonner mes pas.
Je m'assois. Et j'écoute.
Les livres qui respirent m'enivrent
Les livres qui m'enivrent m'inspirent.

Ils sont là, les grands, les petits.
Victor (P-E) côtoie Hugo (V),
Goethe (J-W v.) surveille Marquez (G G)
Jung (C G) épaule Freud (S), etc.
Et tant d'autres qui jouent encore
Dans cette grande cour de récréation.
Ici on rit, là on chante,
Ailleurs on geint, on exulte, on aphorise.

Je n'ose les toucher tant ils sont touchants.
Je les caresse d'un geste sensuel,
Juste un regard léger de connivence ;
Parfois l'un tressaille, un autre m'ignore.

Tant de mots...
Épuisera-t-on un jour le potentiel d'écrire ?
Sans doute pas, c'est le vertige de l'infini qui nous guette
Dans la bibliothèque qui sent le papier jauni,
Où la page tournée allume l'air d'un son froissée
Où les squelettes des idées font la ronde
Avec ceux des fantaisies.

Et la poésie, la poésie...
Toujours là pour nous guérir,
Onctueuse, acide, voluptueuse
Violente, douloureuse, ironique
Exutoire, exubérante, ...
La palette n'en finit pas.

Je prends un des bijoux du présentoir,
Délicatement, je ne voudrais pas le froisser.
Lusseyran, Jacques, Le monde commence aujourd'hui.
J'ouvre à l'envie, au hasard, à l'intuition
Dans ces funestes souvenirs de Buchenwald.
Jacques me dit :
« La poésie ce n'est pas de la littérature. »
Et juste un peu plus bas :
« La poésie, c'est un acte une incantation, un baiser de paix, une médecine...
Une des rares choses qui puisse l'emporter sur le froid et la haine. »
Je suis repu.

Il y a tant de choses dans un livre,
Et tant de fois tant de choses dans une bibliothèque
Que l'humain est loin d'avoir rempli sa Bibl...


À l'arraché... pour le thème, et aussi la composition ! (Revu bien après coup pour petites corrections (merci Licorne), deux vers de plus... et la découpe en tranches allègeantes.

Ecrit par Pilar
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