Demain (3)

Demain
La tête vers le devant, mes yeux. Après je rêve. C’est comme un nuage de potentialité. Je rêve. Et je me dois d’envoyer au pressoir les murs de pacotille, avec leurs grandes joues aux oriflammes dentés. Flaire le gramme des rebonds à la surface. Les doigts des mains poussent la membrane de peau laiteuse. Des poils ou pas. Les primates sautent sur leurs espadrilles. Un éléphant mesure la pression. Or. Et sous la surface, toutes les présences, les mains, les flots qui m’appellent, je souffle dessus. Je les ai tous calculé. J’en ai fait ma quête. Entre les plis, dans les coins, sous les plafonds, j’ai débusqué les rats mystérieux. Je sais qui c’est. Ils sont bien dans leur nom maintenant. J’en ai fait des souvenirs. Souffle sur la surface qui s’abime. Ils sont bien ancrés dans leur nom. Des statues posées sur le présentoir. Je les regarde avec leurs yeux, leurs grimaces. Quel beau musée des significations ! Je les regarde une dernière fois. Ils sont bien éclairés. J’ouvre la porte et la referme derrière moi. La surface est douce et tranquille. Les panses concaves se détendent. Souffle longitudinal. Les points rouges blanchissent. Souffle et le contraire. Lentement. Amplement. Je sors de la maison. Des bulles au frontispice. Comme des panneaux de direction. L’air est flottant dans la maison. Je songe à mes futurs. Tous ces rêves brisés, je veux les laisser s’envoler. Folle aventure que de faire sans. Je me prosterne une dernière fois. Je leur dit bye. Je le sais que c’est ainsi. Je ne veux pas m’effondrer. Souffle dessus. Encore et encore. Je ne sais plus où je suis. Ce ne sont pas des solutions. Des points de rencontre et des rebonds. Je me sens seul au milieu. C’est comme une île mouvante au milieu d’une mer en quatre dimensions. Viens dans mon île ! J’ai fait une place pour toi. La surface est calme pour se poser, se reposer et se regarder devant. Autour, c’est le grand spectacle. Viens te poser à côté de moi ! L’île au vent singulier portera nos élans vers d’amples linéaments. Viens dans mon île ! Tout mon esprit sera avec toi. Si tu savais, j’ai tellement de place maintenant. J’ai vidé les bestioles. Toute cette place libre ! Comme un grand vide. Je vais me dégonfler sans toi. Viens dans mon île ! On embrassera les mêmes courants. On ira là-bas et on reviendra. Une grande liasse de papier blanc et vierge sur la table. On aura qu’à écrire chacun notre tour. Viens dans mon île ! Les pages vont défiler entre les vagues. La marée va déferler jusqu’à nos côtes et rassasier toutes nos faims. Viens dans mon île ! Sans toi, je pleure dans tout ce vide. Je pourrai poser un bateau dans la calotte. On voguera enlacé autour du mât. Seul, les pieds dans l’eau, la poche vide, j’appelle tous les soleils pour qu’ils te répètent mon appel. Les notes de nos pas sur le plancher de bois luisant éclateront dans le précipité cadencé, pour se perdre dans les longs flots fiévreux de notre équateur mouillé. Les tropiques de la gamme et de l’intensité pour lignes, et tu te reposeras sur un coin de continent pendant que je respirerai l’atmosphère troglodyte de tes seins. Les pôles et le jeu de nos longitudes cambrées sur la calotte volcanique. Bise dans le flan. Lave sur la surface aux pores ouverts. Le magma pèse vers la gravité en boule. Et tout s’allongera vers le crabe à deux têtes. Devant le miroir vertical, tu songeras aux portes de la mamelle. Disant des mots inconnus à la fontaine. La glace prise dans ses filets. Tête à tête volubile. Crabe sur la plage. Nous rentrerons au port pour témoigner. Par les paroles, nous assurer que c’était bien vrai. Stupéfiés auprès du feu de la pièce enchantée. On fraiera comme du lichen sur le rocher. On se perdra dans la foule. Invisibles. Et on nouera les liens à côté. On se fera notre écosystème avec de nouvelles lois. Celles qu’on aura dites. Ensemble sous le soleil juste après le zénith.




Ecrit par Sébastien Bidault
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