Du pis à la plume

Il fut un temps de fièvre où le chant des mamelles
Empourprait mon visage du sésame des cieux !
Où en doux capitaine aux ordres peu cruels
Je guidais tout le jour l'équipage joyeux !

Le trésor de la chair, en croix sur chaque carte
Nous faisait saliver de l’œil et de l'index ! 
Le vaisseau transperçait les océans sans charte
Nous étions des pirates dénués de complexe !

Quand nous apparaissait une île callipyge
Nous sortions notre humour, le regard pétillant !
Attentifs aux indices que la flamme dirige
Quand l'émoi donne rythme aux afflux de nos sangs !

Une belle tension faisait vibrer mes mains !
Dans l'approche des lèvres du butin entrouvert
Je me sentais, d'un coup, plus ardent que Vulcain !
Plus séduisant que Zeus ! Plus grand que Déméter !

Qu'ils étaient bons, qu'ils étaient bons
Le périple des ruts !
L'appétit de la flûte !

Qu'ils étaient bons, qu'ils étaient bons
Le lubrique fanal !
Le rêve séminal !

Aujourd'hui l'artimon, comme la proue d'ailleurs
Ont la drôle de gueule des maisons désertées...
Le zéphyr est si mou qu'aucun large ne fleure
Des barbus à lunettes me font leurs logorrhées !

La passion de la jupe est morte sous les lettres...
Dans l'étroite cabine les poèmes s'empilent
Décrochant quelques rires, quelques sursauts peut-être
Quand la rime est précise, que le sens est fertile !

Faute de bandaison, la cervelle bouillonne !
La plume danse et danse sur la piste de neige !
Les muscles s'amollissent de printemps et d'automne
L'aliment est syllabe, la digestion solfège !

Mais quand l'air d'un prénom relève mon menton
Qu'un souvenir de spasme me culbute l'esprit
Mettant au clair mon glaive, je commande l'action !
Sur le pont où les scribes incrédules me fuient...

Ah !

Qu'ils étaient bons, qu'ils étaient bons
Le périple des ruts !
L'appétit de la flûte !

Qu'ils étaient bons, qu'ils étaient bons
Le lubrique fanal !
Le rêve séminal !




Ecrit par Tomdubor
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