L'ombre de soi

Il faut quelques vers de tristesse
Pour comprendre qu’au bout des jours
Déjà s’annonce la vieillesse
En un roulement de tambour,

Que d’une main on tient sa vie
Qui y chatoie peut-être encore,
Quand l’autre étreint, évanoui,
Ce qu’elle fut, multicolore.

Il faut quelques vers de douleur
Pour saisir que l’or de l'étoile
Qui ambra le fond de nos cœurs
N’a de lueur au mieux qu’un voile,

Que si le vent existe au fond
C’est pour une à une tourner
De sa brusque respiration,
Les pages bleues de nos pensées.

Assis sur le rebord d’un soir,
Comme d’un film au cinéma,
Il faut quelques vers, pas si noirs
Pour percer tout de tout cela,

Et voir lucide que l’on aime
Finalement ce qui est sombre,
En filigrane à ses poèmes,
L'ombre de soi entre tant d'ombres.




Ecrit par Fregat
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