Fragment d'un vitrail amoureux

Quelques heures encore à se trouver
Avant que les minutes se dispersent,
Quelques secondes encore à s’aimer
Avant que cette pluie ne nous transperce.

Des pépites d’or coulent de tes yeux
Sur ces longs chemins désertés des dieux,
Des bris de rêves tutoient les étoiles
Au fond de nos corps s’agite une voile.

Que vienne la mer et ses coquillages
Rouler sur le sable où songe l’écume !
Sont-ils des signes ou simples mirages,
Vont-t-ils s’envoler, frémissantes plumes ?

Je t’ai regardé durant ce voyage
Mon cœur tressaillait au fond des bagages,
Des embruns de mots sur le bastingage
Nous ont rapprochés comme deux sillages.

Les heures ont compté plus que les larmes,
Savant mélange agité de la lame !
J'expie sur tous ces brisants qui me charment
La séduction d'un naufrage de l'âme.

Le temps est un instant qui nous fait vivre
En gouttes diluées, matières si vives
Qu'entretient le feu de nos passions ivres,
C'est un volcan qui de cendres s'avive.

Blonde chevelure où ruisselle l'or
Je te veux agiter, qu'un soleil dore
En mes mains ce résumé de ton corps,
Moisson du ciel pour un homme ivre-mort !

La seconde qui nous séparera
N'est pas née, elle est dévolue aux rats,
Nous suivons de nos yeux des flots le ras,
Je hanterai toujours où tu n'es pas.

Mais qu'à chaque brassée du temps liquide
Un geyser d'étincelles nous sillonne
Ravivant en nos cœurs l'éclair limpide
Qui nous fait n'être qu'Un en deux personnes !




jacou et banniange




Ecrit par Banniange
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net