Le lagon

Je sais, je sais, c’est entendu,
Mon poème ne t’a pas plu.

J’avais pourtant cerné les mots
De la rosée bleue des matins,
Ils étaient comme des bateaux
D’écume sur mon calepin,

Éliminé soigneusement
Le moindre risque d’incendie,
Je naviguais, dans le grand vent,
Ma proue tutoyant l’infini.

Je voulais mener le voyage
Jusqu’au beau destin de ces ports
Où l’on répare sur la plage
Les épaves, ces vieux trésors.

L’avais-je encombré de mémoire ?
Raidi du cuir des souvenirs ?
L’a-t-elle rattrapé, l’histoire,
Qui fit la houle rejaillir ?

Avant qu’ils passent le détroit
Du clair lagon de ton rivage,
Mes vers ont sombré dans ce froid
Qui fige parfois ton visage.

J’ai su qu’il ne t’avait pas plu…
Déchire-le, n’en parlons plus.




Ecrit par Fregat
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