Jalousies au marché




La cucurbitacée exposait au chalands
La beauté de ses flancs au ventre prolifère
Tout vert de jalousie, le poivron enrageant
Dit à tout un chacun : « Oh,la grosse exagère ! »

La grosse, dites-vous, réplique la citrouille
Avez-vous regardé votre piteuse bouille
Qui verte de dépit me fait vraiment pitié
Pourquoi affichez-vous autant d'inimitié ?

Est-ce donc ma couleur dont vous êtes jaloux
Ou bien la chair tendue de mes charmantes joues ?
Le poivron radouci par ces calmes propos
Sent fondre sa colère et réplique aussitôt :

Excusez – moi ma mie et que Dieu me pardonne
D'avoir flétri ainsi l'or de votre couronne
Je suis bien maladroit et cette acrimonie
Vient du fait que c'est vrai, souvent je vous envie !

Je me sens étouffer dans ma peau trop étroite
Je me crois enfermé comme dans une boîte
Et vous, en vos rondeurs, vous êtes séduisante
Pour tout vous avouer je vous trouve épatante !

La citrouille sourit à ce revirement
Et du poivron penaud accepte l'allégeance
Lui disant aussitôt avec quelque élégance :
Appréciez votre état, car vous êtes charmant

Et de vos qualités il ne faut point médire
Chacun doit ici – bas se sentir important
Sans se hausser du col , hein, cela va sans dire !
Le poivron rassuré sourit et se détend...

Et la paix qui revient sur le petit marché
Nous interpelle, à nous, hommes peu sages
Qui gouvernons bien mal nos passions, à tout âge !




Ecrit par Marcek
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net