Rimbaud


C'est au sein de Rimbaud que je veux me nourrir,
qui réveille en rêvant les alanguis des mots,
les abrutis du texte, des sens,
de la signification...,
à la mâle mamelle que je veux m'épanouir,
au lait caillé à la cendre mêlé
de la poitrine morte,
d'un genou fatigué
d'avoir longtemps marché,
en quête,
déchirément inquiet
d'avoir ouvert un ciel,
les pieds liés dans d'infernales caves
des gardes lucifériennes et des crocs qui mutilent.

Sur le sein de Rimbaud je voudrais m'endormir,
penser mes plaies,
adoucir le tumulte,
enrayer le progrès
du virus inoculé des faux dieux,
faux maîtres,
conquérants heureux des restes de matière,
pour que ça dégouline et ça se putréfie.

Dans ce sein oublié que Paul Verlaine aima,
dans le caveau juvénile à la respiration défunte,
je me rassasierai d'odeurs,
je goûterai les cendres,
je lècherai sa mort, il lèchera la mienne,
j'apprendrai d'autres mots
et la vérité certaine.



<br />
Saint-Denis, 19 mai 1999<br />


Ecrit par Didier Viaud
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net